L’approche neurolinguistique à l’honneur dans l’émission de radio « La danse des mots » à Radio France internationale

Grâce à la réputation grandissante de l’approche neurolinguistique (ANL) et plus récemment au dossier sur l’ANL, coordonné par Claude Germain et Olivier Massé dans le dernier numéro 417 du français dans le monde ainsi que notre relation avec Claude Germain et Delphine Guedat-Bittighoffer, nous nous sommes rendus avec beaucoup d’excitation et de nervosité à l’émission de radio « La danse des mots », diffusée ce mercredi 4 juillet 2018 à Radio France internationale. Nous y avons parlé de l’approche neurolinguistique avec le journaliste Yvan Amar qui porte un grand intérêt à la francophonie, au langage, à l’enseignement/apprentissage des langues et particulièrement du français et à la littérature francophone.

Nous remercions avec une grande gratitude toutes les personnes citées pour cette occasion et nous en profitons pour saluer également toutes celles et ceux avec qui nous sommes en contact avec l’ANL.

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Le temps restreint de l’émission ajouté à notre excitation nous amène à préciser et compléter notre propos sur l’ANL.

1/ L’ANL vient des neurosciences (étude du système nerveux et particulièrement du cerveau) et non de la neurologie (discipline médicale qui étudie les maladies du système nerveux).

2/ En termes de ‘résultats probants’ avec l’ANL, on peut dire « rapidement » que les apprenants se distinguent par leur aisance à communiquer (capacité à parler de manière fluide et spontanée dans des phrases complètes) et s’expriment avec précision (sans erreur). Ils sont motivés, prennent du plaisir à communiquer et sont autonomes. Ils développent des capacités cognitives, montrent des capacités individuelles et de travail collaboratif notables.

3/ Dans la théorie neurolinguistique de Paradis, il y a distinction entre de 2 mémoires, mémoires déclarative et procédurale. Il n’y a pas de connexion directe entre les 2. Conséquence: le savoir explicite (les règles, la conjugaison, le vocabulaire) relevant de la mémoire déclarative ne peut pas se transformer en compétence implicite (un processus, une habileté à communiquer constitué.e de régularités) sous-tendue par la mémoire procédurale. Ce n’est pas parce qu’on connaît les règles qu’on est capable de communiquer (les utiliser dans des phrases).

4/ L’ANL ne vient pas de la programmation neurolinguistique (PNL) et n’a rien à voir avec la PNL. L’ANL est une approche pédagogique dans l’enseignement/apprentissage des langues secondes/étrangères (LS/LÉ) alors que la PNL est un ensemble de connaissances et de pratiques pour s’accomplir : réaliser des objectifs personnels ou professionnels (et qui plus est, la PNL s’appuie sur des neuromythes tels que la croyance de personnes qui sont plutôt visuelles ou auditives par exemple).

5/ L’ANL repose sur des théories venant des neurosciences telles que la théorie neurolinguistique de Michel Paradis que nous avons présentée, également de recherches de N.C.  Ellis et Segalowitz ainsi que sur une conception de la pédagogie de la littératie spécifique à la LS/LÉ.  Le recours à cette pédagogie donne la primauté à l’oral dans toutes les compétences (lecture et écriture) sans pour autant négliger la lecture et l’écriture et la séquence pédagogique (suivant le cercle de la littératie) suit un ordre cohérent sur un même thème : oral, lecture et écriture puis retour à la lecture et l’oral. Il faut préciser que les connexions neuronales provenant de l’écrit (vue, geste graphique) et de l’oral (la parole) sont distinctes et que le savoir explicite ne se transforme pas en compétence implicite (la compétence implicite ou habileté non consciente ne pouvant se développer qu’en recourant à une utilisation et une réutilisation fréquente de l’oral), la conséquence pédagogique de tout cela est le recours primordial à l’oral et à une pédagogie de la phrase complète. En outre, l’on se rapproche de l’enseignement/apprentissage de la langue maternelle chez l’enfant dans la mesure où celui-ci a une grande expérience orale de sa langue avec son entourage, avant d’aller à l’école. C’est la raison pour laquelle on recourt aussi de manière prépondérante à l’oral dans le cas d’un élève qui apprend une LS/LÉ dont ce n’est pas langue maternelle et dont il n’en a pas l’expérience à l’oral.

6/ La modélisation (la phase orale) n’est en aucune manière une répétition au sens béhavoriste (une réitération sans faire attention au sens et au contexte) mais plutôt une reprise adaptée à la situation de chaque apprenant. Ainsi, l’enseignant pourrait proposer ce modèle de réponse suivi de la question : « J’écoute de la musique en faisant le ménage et vous, vous écoutez de la musique en faisant quoi ? » Et l’apprenant de répondre : « j’écoute de la musique en courant ».

7/Le système limbique est composé de « centres » (l’amygdale joue un rôle déterminant dans le conditionnement de la peur, l’hypothalamus, l’hippocampe, le thalamus notamment) et de connexions entre ces centres, situés à peu près au milieu du cerveau. Le système limbique joue un rôle déterminant dans la motivation en ce qu’il est activé s’il y a plaisir ou désir de communiquer.

8/ Quelques mots sur la différence entre les pédagogies dites communicatives (approche communicative et perspective actionnelle) et l’ANL.

L’approche communicative se caractérise par une absence de noyau dur théorique et un éclectisme de méthodologies et de pratiques pédagogiques. Ce qui entraîne le plus souvent des problématiques didactiques. Elles dénotent un ensemble peu cohérent et un manque de moyen de gestion d’ensemble (Puren).

Au contraire, l’ANL offre un ensemble cohérent de stratégies d’enseignement/apprentissage (spécifique pour chacune des phases de la littératie – oral, lecture et écriture – pour chaque type de texte, pour les activités entre les phases etc.) et d’organisation d’unité en suivant un ordre de séquence particulier (voir le point 5. plus haut) et par des projets en lien les uns avec les autres portant sur une même thématique, ensemble sous-tendu par des théories et des recherches en neurosciences et une conception d’une pédagogie de la littératie qui justifient de manière structurée et pertinente la didactique employée.

L’authenticité est également un principe essentiel en ANL à l’opposé des simulations et jeux de rôle dans l’approche communicative ou la perspective actionnelle. Les textes dits authentiques (des dialogues, des textes extraits de journaux ou d’émissions de radio entre autres) sont employés dans les manuels de FLE. En ANL, nous insistons davantage sur la communication authentique qui amène tant l’enseignant que l’apprenant à parler d’eux-mêmes, de leurs vécu et expérience ; et dans le cadre de niveaux plus élevés afin de servir de point d’appui à des discussions sur des thématiques plus abstraites. Ainsi, en ANL, les textes authentiques concernent également les enseignants, les apprenants eux-mêmes et leur entourage.

Nos remarques s’appuient également sur l’ouvrage L’approche neurolinguistique (ANL) foire aux questions de Claude Germain édité en 2017 chez Myosotis Presse.

 

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